Coups de cœur

A tous ceux que j'oublie
Gregoire Damon sera présent au Printemps du livre de Grenoble!
Voici un petit extrait de son recueil A tous ceux que j'oublie.
vous êtes ce type sur ses béquilles
qui quête devant le métro
alors que j'ai seulement une pièce de deux euros en poche
et un manuscrit chez tous les éditeurs de Paris

Criques suivi de Deux nuits à Bracelone
Nous retrouverons Katia Bouchoueva au Printemps du livre de Grenoble! Voici un petit extrait de son recueil Criques
Chat chétif et chelou,
de nature arnaqueur,
en douceur, mais glorieux
entre en scène/dans le port

Ce que m'a soufflé la ville
Pérégrinations dans la ville
C'est quand la nuit progressivement
Dans des indifférences de drone, monte et abandonne la ville
Et la nuit, comme une mère affairée ou comme une star,
Nous promet:
Je reviens,
Dors
Je reviens.

Fureur et mystère
Dans ce recueil de René Char qui rassemble les poèmes écrits entre 1938 et 1947, on trouve ce magnifique poème d'amour: Allégeance
Dans les rues de la ville il y a mon amour.
Peu importe où il va dans le temps divisé.
Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler.
Il ne se souvient plus ; qui au juste l'aima ?
il cherche son pareil dans le vœu des regards.
L'espace qu'il parcourt est ma fidélité.
Il dessine l'espoir et léger l'éconduit.
Il est prépondérant sans qu'il y prenne part.
Je vis au fond de lui comme une épave heureuse. À son insu, ma solitude est son trésor.
Dans le grand méridien où s'inscrit son essor, ma liberté le creuse.
Dans les rues de la ville il y a mon amour.
Peu importe où il va dans le temps divisé.
Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler.
Il ne se souvient plus ; qui au juste l'aima et l'éclairé de loin pour qu'il ne tombe pas ?

Nos territoires
J'ai changé
Je perds ma langue
et je bégaye par culpabilité
aucun des transferts d'argent
n'aura raison de mon absence
aucune de mes réussites ne saura réparer
la douleur de notre séparation
et je sais bien que nous pleurons l'un comme l'autre
une fois que nous avons raccroché
oui je bégaye dans ma propre langue.

Presque-songes Sari-Nofy
Naissance du jour
Avez-vous déjà vu l'aube aller en maraude
au verger de la nuit?
La voici qui revient
par les sentes de l'Est
envahies de glaïeuls en fleurs:
elle est toute entière maculée de lait
Comme ces enfants élevées jadis par des génisses;
ses mains qui portent une torche
sont noires et bleues comme des lèvres de fille
mâchant des mûres.
S'échappent un à un et la précédent
les oiseaux qu'elle a pris au piège.

Recueil collectif de recettes d'hiver
Everything is change, he said, and everything is connected.
Also, everything returns, but what returns is not
what went away -
Tout est changement dit-il et tout est relié.
Egalement tout revient mais ce qui revient n'est pas
ce qui est parti-

Mine de rien
La bouche encore! ça ressemble à çui-ci à cella les yeux de l'arrière-mamie le nez de maman l'ovale de papa et tous s'y voient s'y dessinent s'y superposent s'entrefélicitent s'accordent
sur
sa
beau
té bravo le prénom laisse pantois pourquoi les deux noms ça fait trop long mets-lui un bonnet elle aura froid elle est trop couverte trace-lui les sourcils au khôl ça éloigne les djinns et pare au mauvais oeil

Vol en V
Le bond du cerf sur le panneau annonçant le passage
d'animaux sauvages - Danger! - contrairement
au cheval et au boeuf paisiblement peints
à l'horizontale, domestiques,
garde l'inclinaison du saut figé en son essor [...]
Le bond

Juste après la pluie
Certitude
Combien de principes
tiennent
dans une larme

La rose, l'amour, la poésie
Quelle bonne idée que cette anthologie qui rassemble les plus beaux poèmes sur le thème de la rose! De Ronsard, Rilke, Pessoa, Neruda, Adonis et tant d'autres.

La Mélodie du sensible
1er extrait: Ma plume, je veille à ne la faire s'envoler qu'à hauteur rattrapable.
2d extrait: Je n'ai pas grandi depuis mon premier fruit, ma première fraise, prune, mon premier melon,...
Sur ma bouche, je ressens toujours le goût enivrant de chacun.
Sur mes doigts, je sens encore la lèpre de leur caractères.
De mon oeil, leurs rondeurs arides et hautaines. [...]